Récemment labellisé niveau 2 dans le cadre du dossier Égalité filles/garçons, le collège Jolimont à Toulouse a proposé une journée d’actions dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars 2024 :
- Exposition au CDI sur une campagne de sensibilisation aux violences à l’égard des femmes par l’artiste italien AleXsandro Palombo
- Projection de films
- Réalisations d’affiches
- Portrait de femmes célèbres
« Le poids des mots » : une action menée en classe de 6ème
Quelles sont les qualités d'une fille ? Quelles sont les spécificités d'un garçon ? Quels traits sont communs aux garçons et aux filles ? Ces questions sous-tendaient l'exercice auquel ont été confrontés les élèves de 6ème du collège, lors d'une heure de vie de classe avec leur professeur de lettres, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
Au tableau, une trentaine de mots : « douceur », « bricoler », « force », « poils » et « fragile ». Une consigne donnée à l'oral : « Fais un tableau de trois colonnes, « Fille », « Garçon » et « Les deux », et classe tous ces mots dans la colonne de ton choix, selon ce qui se rapporte selon toi le plus à une fille, à un garçon, ou aux deux. »
Après le classement, le professeur demande aux élèves, selon eux, à quoi sert cet exercice. Plusieurs répondent que cela leur permet de dire ce qu'ils pensent, de partager leur opinion, mais aussi d'apprendre à respecter l'opinion des autres. L'enseignant poursuit en posant les questions suivantes :
- Qui a mis « douceur » dans la colonne « Fille » ? Une majorité de mains se lève. Qui a mis ce mot dans « Garçon » ? Aucune main. Qui l'a mis dans « Les deux » ? Quelques mains timides.
- Mot suivant : Qui a mis « protection » dans la colonne « Fille » ? Aucune main levée. Qui l'a mis dans « Garçon » ? Une majorité. Qui l'a mis dans « Les deux » ? Quelques mains.
Les élèves se regardent, stupéfaits d'avoir à chaque fois évité les mêmes colonnes, sans se concerter pourtant. S'ensuit un débat : pourquoi attribue-t-on les qualités et défauts en fonction du sexe ? Les opinions se heurtent : réalité biologique, éducation familiale, stéréotypes dus à la société. Les élèves débattent alors des représentations stéréotypées, s'indignent qu'elles existent pour la plupart. L'enseignant demande alors à une élève dont il sait qu'elle fait du karaté pourquoi elle a mis « force » dans la colonne « Garçon », et si elle estime donc ne pas avoir de force. L'élève réagit vivement « Bien sûr que j'ai de la force, je peux même battre un garçon ! ». Tout doucement, une prise de conscience se dessine. Passer par des généralités, qu'on ne s'appliquerait pas forcément à soi ni à ses proches, permet de simplifier la compréhension du monde, quitte à en tirer une vision erronée.
L'occasion en une heure de planter des graines : oui, il y a des différences biologiques, non, elles ne justifient aucune inégalité de perception ni de traitement d'un sexe ou de l'autre. Oui, les stéréotypes sont un cadre rassurant, mais aussi et surtout dégradant. Ce travail sur la valence des mots et leur connotation s'insère pleinement dans une réflexion globale du cours de français, visant à expliquer et partager les valeurs de la République. Peu à peu, les graines de l'égalité fille-garçon germeront.
Mise à jour : mars 2024