Quel est votre parcours ?
À l’origine, je suis professeur d’économie-gestion comptabilité-finance. J’ai enseigné pendant 10 ans dans les académies de Caen, Orléans-Tours et Nice.
En 2006, j’ai passé le concours de personnels de direction et j’ai été proviseure adjointe pendant 11 ans dans trois établissements différents. En 2017, j’ai été nommée chef d’établissement dans une cité scolaire de l’Aveyron, à Saint-Affrique. Et je suis au lycée Françoise de Tournefeuille depuis 2020, dans un premier temps pour effectuer un intérim puis j’ai été nommée sur le poste à la rentrée 2021.
Comment devient-on proviseur ?
Par le biais du concours de personnels de direction qui est un concours interne réservé aux cadres A de l’Éducation nationale. Ce sont majoritairement des enseignants, des CPE, des psychologues mais aussi des personnels administratifs.
C’est un concours en deux temps : une épreuve écrite d’admissibilité qui consiste, aujourd'hui, en une note de synthèse sur une situation concrète et une épreuve orale d’admission, le candidat présente ses motivations devant un jury composé de trois personnes. Ensuite, des échanges ont lieu sur la motivation du candidat et sur des mises en situations concrètes pour évaluer la manière de réagir, la personnalité, la pertinence des choix effectués.
Une fois qu’on obtient le concours, on est stagiaire pendant un an et on suit une formation dispensée par le rectorat. Le chef d’établissement d’accueil est le premier formateur du stagiaire et il a aussi un chef d’établissement référent qu’il peut solliciter.
Avant d’être chef d'établissement, on commence par être adjoint. C’est le même concours pour tous mais c’est au bout d’un certain nombre d’années, par la mobilité, qu’on peut demander un poste de chef d’établissement. Un personnel de direction doit rester entre 3 et 9 ans sur le même poste.
Quel a été le déclic pour que vous deveniez proviseure ?
Il y a eu deux caps. Lorsque j’étais enseignante depuis 5 ans, le proviseur adjoint de mon lycée m’a incité à passer le concours et l’idée a commencé à germer dans mon esprit alors que je n’y avais jamais pensé.
Quelques années plus tard, dans un nouvel établissement, je me suis à nouveau projetée et j’en ai parlé à ma chef d’établissement qui à la vue de ma personnalité et de mon envie de changement, m’a poussé à me lancer. Nos échanges ont levé les derniers freins et j’ai passé le concours l’année suivante.
Quel est le rôle d’un proviseur ?
Le premier est d’impulser la politique éducative et pédagogique de l’établissement en conformité avec les directives nationales et académiques. Ensuite, je supervise le fonctionnement des différents services afin que tout le monde travaille ensemble, à destination des élèves, dans de bonnes conditions. Il y a également un volet ressources humaines avec l’évaluation des professeurs dans le cadre des rendez-vous de carrière mais également des autres personnels (administratifs, de santé, AESH). Enfin, il y a le suivi des classes que l’on partage avec les proviseures adjointes, la présidence des instances, le lien avec les partenaires institutionnels, l’accompagnement de projets, la gestion des événements et des imprévus du quotidien.
Faites-vous plutôt un travail d’équipe ou un travail individuel ?
Un chef d’établissement n’est rien sans les équipes qui l’entourent. Nous avons ici une équipe très féminine avec deux adjointes, une adjointe gestionnaire, des CPE, les secrétaires, l’infirmière et la psychologue de l’EN. Il y a également un directeur délégué aux formations professionnelles et pédagogiques. Les enseignants de notre établissement sont majoritairement des femmes. Il en va de même dans les équipes vie scolaire, AESH et agents régionaux des lycées.
Le fait d’être une femme proviseure a-t-il eu une influence dans votre carrière ?
Non. Ici c’est un établissement avec des enseignants majoritairement féminins. Mais mon premier poste de chef d’établissement dans l’Aveyron, dans un lycée aux formations industrielles avec une majorité d’hommes, s’est très bien passé également. La relation est différente quand on travaille avec des hommes ou des femmes mais personne ne m’a jamais renvoyé le fait qu’étant une femme, je ne pouvais pas comprendre ou être compétente.
Pouvez-vous nous décrire une journée type ?
Je commence généralement la journée en passant à l’entrée du lycée, saluer le personnel et les élèves qui arrivent. Ensuite, nous faisons un point informel avec les adjointes et la gestionnaire, pour échanger sur les informations du lycée. Ce point du matin est très important et s’est instauré naturellement.
Ensuite il y a des rendez-vous, des réunions, des dossiers à traiter, en ce moment, les conseils de classe le soir et la gestion des imprévus.
J’ai une totale confiance en mes adjointes, mais nous échangeons sur les situations délicates car, quand bien même je délègue, ma responsabilité reste engagée.
Quels sont les moments clés de l’année ?
La préparation de la rentrée (qui commence en janvier et se termine en septembre lors de la rentrée), et les examens. Un chef d’établissement ne peut pas commettre d’erreur sur ces deux temps. Une rentrée qui se déroule mal c’est une année scolaire qui se passera mal : si les emplois du temps ne tiennent pas la route, si on n’a pas trouvé le juste équilibre entre emplois du temps des élèves et emplois du temps des enseignants, l’année sera compliquée.
Après il y a aussi les périodes de conseils de classe et les périodes d’examens blancs.
Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
C’est le travail d’équipe avec des personnes dont j’apprécie les qualités humaines, personnelles et professionnelles. C’est ce qui me plait ici. Selon l’établissement dans lequel vous êtes, vous tirez des satisfactions différentes du métier. J’ai eu de la chance, j’ai toujours travaillé dans des conditions sereines, épanouissantes, contente de me lever le matin et de venir travailler. Et ça c’est important.
J’aime aussi voir des situations d’élèves qui étaient en difficulté ou en échec et qui, grâce au travail des professeurs qui travaillent avec eux au quotidien, évoluent et réussissent. Dans ces cas-là, on a tout gagné ! C’est une source de satisfaction personnelle car c’est un travail d’équipe, mais la personnalité du chef d’établissement peut jouer dans le rayonnement général de l’établissement.
Quels sont les beaux projets actuels dans l’établissement ?
Le premier c’est le club Model United Nation, dans lequel participent 120 élèves, un professeur d’anglais et un professeur d’histoire-géographie. Les élèves débattent en anglais, tous les mercredis, sur diverses thématiques en suivant le modèle des nations unies.
Des enseignantes de la voie professionnelle ont également créé une « classe Germaine Tillion », à destination des élèves de 1ère professionnelle, qui a pour objectif de les accompagner vers l’ouverture culturelle à travers des rencontres, des visites d’expo, des séances de théâtres, de cinéma.
Enfin, grâce au projet « Mémoires, Patrimoine et Tourisme », les élèves de terminale suivant l’enseignement de spécialité « Histoire-Géographie, Géopolitique, Sciences politiques » travaillent sur le devoir de mémoire avec différents partenaires comme le mémorial de la shoah ou le Musée Mémorial du Terrorisme.
Quel est votre mentor ?
Je n’ai pas vraiment de mentor, seulement des personnes, comme les deux chefs d’établissement évoqués, qui ont compté et contribué à me faire prendre certaines directions, ils ont semé la graine, mais ça a été mon choix.
Quelle est votre devise dans la vie ?
« La persévérance vient à bout de tous les obstacles »
Quel livre vous a marqué ?
En ce moment je finis de lire la trilogie « Le Siècle » de Ken Follett, écrivain spécialisé dans les romans d’histoire et d’espionnage. Il fait découvrir la première guerre mondiale, la deuxième guerre mondiale et la guerre froide du point de vue des américains, des russes, des anglais et des allemands. C’est intéressant de voir comment ces événements ont été vécus par les habitants et dirigeants des autres pays. Il y a, certes, un côté romancé mais avec un fond historique.
Mise à jour : juin 2023